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Félicie et ses deux amis triomphaient. La mère Robillard attacha au service de leur table un des jeunes Moutonet (car ils étaient cinq frères, tous de la pure race des Mouton ; le langage incorrect des villageois, et un peu de malice peut-être avaient fait dégénérer les Mouton en Moutonet). Ce jeune Moutonet, le plus jeune des frères et l’aîné de cinq sœurs, avait quinze ans, c’est-à-dire qu’il avait sept ans de moins que son frère Simplice-Parfait-Fortuné, le nouveau marié. Il n’avait pas osé refuser l’honneur de servir les seigneurs de Castelsot, mais son attitude témoignait de ses regrets ; sans cesse il tournait la tête et souriait d’un air d’envie en regardant les malices innocentes des jeunes gens qui servaient sous les ordres de Moutonet (Simplice-Parfait-Fortuné) ; les vengeances des jeunes convives, les poussades, les rires, les tours, les maladresses, tout enfin ce qui compose la gaieté d’une noce.