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Mère Robillard.

Oui, prends-le, ma fille, et fais-le taire ; il n’en finit pas avec ses mauvaises raisons. »

La vieille Robillard courut à son tour du côté des Castelsot, qui attendaient, avec un mécontentement digne mais visible, qu’on leur servît le dîner apprêté par leur cuisinière.

Mère Robillard.

Faites excuse, monsieur le baron, madame la baronne, mesdemoiselles et monsieur, Robillard n’entend rien à rien ! Il n’attendait pas l’honneur que lui font M. le baron, Mme la baronne, ces demoiselles et le jeune monsieur, de partager notre joie et notre repas. Il n’a rien préparé pour cet honneur !

Le baron.

Il devait bien penser que si je lui donnais mes gens, auxquels vous n’aviez aucun droit, il devait me donner à déjeuner et à dîner ? C’est déjà un assez grand dérangement pour nous, sans qu’on l’augmente en nous faisant mourir de faim.

Mère Robillard.

Mon Dieu ! monsieur le baron, veuillez l’excuser ; il n’a pas beaucoup d’intellect, vous le savez, et quand je ne me mêle pas des choses, rien ne va. »

Tout en parlant et en écoutant, la mère Robillard avait débarrassé une table des verres, bouteilles et assiettes qui la couvraient ; elle y avait mis une nappe blanche, en faisant observer qu’elle pensait à tout ; elle mit cinq couverts, tout ce qui était nécessaire pour le service et courut chercher une soupière bien pleine de soupe.