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que j’irai me mêler, avec ma femme et mes enfants, à tous ces manants, pour attendre qu’on veuille bien me servir après les rustres que le hasard aura placés avant nous ? Je dîne seul, en famille ou pas du tout, et j’emmène ma cuisinière. »

Le jeune Moutonet courut avertir son grand-père, qui parut fort contrarié, se gratta la tête, se leva de table après avoir fait ses excuses à Mme d’Orvillet, et alla consulter sa femme.

Mère Robillard.

Tu te troubles pour un rien. Te voilà tout révolutionné pour une niaiserie. Je vais arranger tout cela. Va reprendre ta place ; mange tranquillement et ne t’occupe de rien.

Père Robillard.

Mais, ma bonne amie, mais…

Mère Robillard.

Je te dis de me laisser faire ; tu n’entends rien à rien.

Père Robillard.

Pardon, ma bonne amie, mais…

Mère Robillard.

Ah çà ! vas-tu te taire enfin ? Me prends-tu pour une imbécile à qui il faut mâcher les paroles ? »

Amanda s’était retournée quand sa grand-mère avait élevé la voix ; elle se leva précipitamment et courut à elle.

« Avez-vous besoin de moi, bonne maman ? Qu’a-t-il fait, bon papa ? Faut-il que je le remmène ?