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Cunégonde.

Allez-vous dîner avec tout ce monde-là, Félicie ?

Félicie.

Je ne sais pas trop ; ce sera difficile de faire autrement, à moins de ne pas dîner…

Cunégonde.

Ah ! mais non, par exemple ! Un dîner excellent, apprêté par notre fille du château ! Je veux en goûter et en manger.

Clodoald.

Il y a un moyen de tout arranger : faisons-nous servir à part ; je vais en dire un mot à maman. »

Clodoald parla en effet à sa mère et à son père ; ils jetèrent un coup d’œil dédaigneux sur les convives ; ils virent que les places d’honneur étaient prises par Mme d’Orvillet et M. d’Alban.

« Il n’y a plus de places convenables pour nous, dit d’un air sec le baron Castelsot ; mais, comme dit mon fils Clodoald, on nous servira à part, et les premiers, comme de droit. »

Mme la baronne approuva en balançant la tête, et, au moment où arrivait la soupe en plusieurs soupières, pour que chacun pût se servir à l’aise, le baron appela :

« Hé ! par ici donc ! Nous dînons à part. Des assiettes ! des couverts ! des serviettes !

Moutonet.

Monsieur le baron, il y a des places vides tout près de vous, au bout de la grande table.

Le baron.

Pour qui me prends-tu, mon garçon ? Crois-tu