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gar où le dîner était prêt à être servi. Chacun prit sa place. On fit asseoir le général à la droite de la mariée, le petit Laurent à la gauche. Anne près de Laurent ; la bonne (arrivée pendant qu’on était à la mairie) fut placée près d’Anne. Mme d’Orvillet eut la place d’honneur, près du vieux Robillard, en face de son frère, qui avait à sa gauche la vieille mère Robillard.

Les Castelsot étaient arrivés au milieu de la messe. Félicie, d’abord enchantée d’être au rendez-vous avant eux, pour qu’ils ne la vissent pas arriver à pied, commença à s’inquiéter quand on fut sorti de la mairie ; à l’église son inquiétude augmenta ; mais au milieu de la messe, quand on entendit le roulement d’une voiture et la voix impérieuse de M. de Castelsot, qui se faisait faire place pour arriver au premier rang, l’agitation de Félicie cessa, et le mécontentement de Mme d’Orvillet commença ; elle crut comprendre les motifs de la conduite de Félicie ; elle fit tous ses efforts, après la messe, pour l’empêcher de faire bande à part avec les Castelsot ; mais, obligée de garder son rang dans le cortège de la noce, elle n’y réussit pas. Félicie d’un bond avait rejoint ses amis ; elle évita de jeter les yeux du côté de sa mère, devinant les signes qu’elle lui adresserait, et ne voulant pas y obéir.

Robillard, pressé de se mettre à table, emmena Mme d’Orvillet ; Félicie, livrée à elle-même, resta avec Clodoald et Cunégonde ; ils commencèrent leurs impertinentes plaisanteries, tout bas d’abord, plus haut ensuite, de manière à être entendus de leurs voisins.