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L’adjoint.

Une croix suffira, monsieur, si vous avez de la difficulté à signer.

Le général, riant.

Je signe assez facilement ; je vais toujours essayer.

L’adjoint.

Mais, monsieur, il ne faut pas faire de gribouillage sur les registres. Mettez une croix, ce sera plus sûr. »

Le général avait signé, mais en riant de si bon cœur que la plume, se trouvant secouée et trop pleine d’encre, en laissa échapper une grosse goutte.

L’adjoint.

Là ! Je le disais bien ! Ce que c’est que de vouloir en faire plus qu’on ne sait. Voilà un registre déshonoré. »

Pour le coup, le rire devint si général que M. d’Alban, sa sœur et bien d’autres en avaient les larmes aux yeux.

Le pauvre adjoint était visiblement vexé ; il fut abîmé de quolibets ; il comprit enfin sa sottise et se perdit tout honteux dans la foule.

Le cortège se remit en marche pour arriver à l’église. Chacun avait repris son sérieux. Amanda ne s’adoucissait pas ; Moutonet, tremblant et confus, semblait un condamné à mort.

On arriva, on se plaça ; la cérémonie du mariage commença. Cette fois, Moutonet répondit oui avec un empressement des plus satisfaisants, et Amanda d’une voix radoucie qui fit relever à Moutonet sa tête abattue.

Après la messe on se dirigea vers un grand han-