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Le général.

Sois tranquille, mon garçon ; nous ne dirons rien. Mais tu t’enfonces dans une mauvaise route, mon ami : un mari qui a peur de sa femme, c’est risible, parole d’honneur.

Moutonet.

Ce n’est pas que j’aie peur, monsieur le comte, c’est que je l’aime bien et que je ne veux pas la mécontenter.

Le général.

Ta ! ta ! ta ! je connais cela ; j’en ai vu plus d’un ; quand la femme gronde, le mari ploie le dos, et la femme tape dessus. Et tu sais ce qui arrive à un homme battu par sa femme ?

Laurent.

Quoi donc, mon oncle ? Qu’est-ce qui arrive ?

Le général.

Le village se rassemble, on place le mari de gré ou de force sur le dos d’un âne, le visage du côté de la queue, et on le promène dans tous les hameaux de la commune.

Laurent.

Mais c’est très amusant, cela ; moi, cela m’amuserait beaucoup.

Le général, riant.

Ah bien ! quand tu te marieras, tu pourras te procurer ce plaisir.

Anne.

Moi, je n’aimerais pas cela. Ne faites pas cela, Moutonet ; ne laissez pas Amanda vous battre.