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trois des sottises, dont je les ai joliment grondés.

Laurent.

Et vous croyez que le chemineau a réellement battu Cunégonde ?

Le général.

Ma foi, je le croirais assez ; et, franchement, j’en aurais fait autant, sans frapper si fort pourtant. Mais je le saurai ; j’irai voir ce chemineau, qui me plaît, et je lui ferai raconter son affaire.

Laurent.

Et vous nous direz ce qu’il vous aura répondu, mon oncle.

Le général.

Oui, oui. Si Cunégonde a été battue par ce brave homme, tu le sauras, je te le promets.

Laurent.

Je serai bien content si on l’a battue tout de bon. Elle est méchante ! Il faut la punir.

Anne.

Et si on ne l’a pas battue, mon oncle, voulez-vous la fouetter pour le bon chemineau ?

Le général.

Oh non ! par exemple ! Je ne suis pas ivre ni brutal, comme le chemineau, qui n’aurait pas fait ce qu’il a raconté s’il avait été dans son bon sens ; je la taquinerai seulement ; elle sera assez vexée si je m’y mets. »

La bonne était mal à son aise ; elle n’osait pas dire au général l’histoire vraie telle qu’elle l’avait sue par Germain, et pourtant elle aurait voulu qu’il n’eût pas dit devant les enfants tout ce qu’il venait