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d’élever Gizelle. Je vois, je comprends combien nous la gâtons et jusqu’à quel point nous lui sacrifions tout ce qui nous entoure. Je suis décidée à prendre une attitude plus sévère et à dire à Julie…

M. Gerville.

Il n’y a qu’une chose à dire à Julie, ma chère Léontine ; c’est qu’elle ait à faire ses paquets dès ce soir. Lisez la lettre qu’elle écrit à une de ses amies et que Pascal vient de me donner.

Léontine, lit.

La misérable ! Parler ainsi de la pauvre petite !

M. Gerville.

Et de toi, et de moi.

Léontine, relisant.

C’est indigne ! (Elle laisse retomber la lettre et réfléchit.) Et pourtant il y a du vrai ! Les expressions sont dures, vulgaires, injurieuses, mais le fond est vrai. (Elle se lève.) Allons ! du courage, Victor ! Profitons de la rude leçon d’aujourd’hui pour devenir ce que nous aurions dû être dès la naissance de Gizelle : des parents tendres, dévoués, mais fermes et justes. Allons demander à Pascal de nous chercher pour Gizelle une bonne digne de notre confiance. Viens, Gizelle… viens donc.

Gizelle.

Non, je ne veux pas venir ; je veux rester ici.

Léontine, avec fermeté.

Tu viendras pourtant.

Gizelle, étonnée.

Pourquoi ?

Léontine, sévèrement.

Parce que je le veux.