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Léontine, vivement.

Comment ! rien du tout ? Vous appelez le pied percé rien du tout !

Pascal, avec calme.

Que Madame soit tranquille ! J’étais là. Ce n’est rien ! C’est moi qui ai retiré l’aiguille que Mademoiselle s’était enfoncée dans le pied en piétinant sur les affaires de ces demoiselles, et j’ai bien vu, en retirant l’aiguille, qu’il n’y avait pas grand mal.

Léontine, très surprise.

Je ne comprends pas ! Gizelle m’a dit que c’était Blanche et Laurence qui lui avaient percé le pied.

Pascal.

Non, Madame, c’est faux ! Ces demoiselles n’étaient même pas dans la chambre ; elles étaient sorties avec leurs cousins. J’étais ici à côté, et j’entendais ce que disait et faisait Mlle Gizelle. Je suis entré quand elle a poussé un cri, et j’ai de suite retiré l’aiguille.

Léontine.

Vous voyez bien qu’elle s’est fait mal. Et pourquoi l’a-t-on laissée seule, la pauvre petite ? toute seule ? Mes sœurs sont si méchantes pour elle, que je ne sais qu’y faire, en vérité.

Pascal.

Pardon, Madame, si je rétablis les faits. C’est Mlle Gizelle qui est rageuse et… pas trop bonne ; ces demoiselles sont bien complaisantes pour elle, bien aimables ; mais Mlle Gizelle n’est pas facile à contenter ; elle les bouscule et les tarabuste. Parfois même elle les frappe ; et ces pauvres demoiselles sont bien douces ; jamais elles ne lui rendent les claques et les mauvaises paroles qu’elles reçoivent.