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moiselles, en ouvrant et en examinant ce qu’elles ne devaient pas toucher, ont répandu de l’encre dans la jolie boîte d’ivoire sculpté et ont taché…

Léonce, de même.

C’est moi, c’est encore moi, cher monsieur ; c’est moi qui suis seul coupable. J’allais tout juste l’avouer à papa quand je suis venu ici ; et Gudule, à laquelle j’avais tout raconté, a voulu m’accompagner pour obtenir mon pardon. (Tout le monde paraît étonné. Gertrude et Francine sèchent leurs larmes et embrassent Léonce en s’écriant :)

Merci, merci, mon bon Léonce ; papa nous avait accusées, d’après nos mines embarrassées, parce que nous avions regardé le jeu d’échecs et que nous avions peur qu’on ne nous soupçonnât de l’avoir taché. Les larmes nous ont suffoquées et nous ont empêchées de nous justifier ; plus nous pleurions, et plus papa nous croyait coupables.

M. de Ramière.

Mes pauvres filles, je suis désolé de vous avoir accusées à tort ; mais comment se fait-il, Gertrude, que ton mouchoir soit taché d’encre ?

Gertrude.

Parce que, voyant ces jolies pièces fraîchement tachées et encore humides d’encre, nous avons voulu les essuyer, espérant faire partir l’encre entièrement, mais nous n’avons réussi qu’à noircir nos mouchoirs.

Gudule.

Léonce, mon ami, ce que tu viens de faire rachète tous tes anciens mensonges, et me donne une joie, un bonheur qui compensent bien ce que j’ai souffert dans ma longue maladie.