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Léonce, très ému.

Papa, c’est que j’avais entendu votre voix et celle de maman, et je redoutais votre colère.

Madame de Pontisse, surpris.

Ma colère ! Pourquoi me supposais-tu en colère ?

Léonce.

Parce que je savais que M. et Mme de Ramière vous avaient informés des mensonges que je leur avais faits, du chien enragé, de l’accès de rage, du médecin.

M. de Pontisse, de même.

Je ne comprends pas un mot de ce que tu dis ! Quel chien ? Quel médecin ?

Léonce.

Comment, vous ne saviez pas ? Je croyais que vous veniez pour me gronder, me battre, m’enfermer.

M. de Pontisse.

Mais tu es fou, mon ami ! À propos de quoi t’aurais-je battu et enfermé ?

Léonce.

Oh ! papa c’est que j’ai commis une grande faute ! J’ai menti effrontément ; j’ai fait semblant d’être enragé devant Mme de Ramière ; j’ai sauté par la fenêtre pour me sauver j’ai dit qu’un médecin qui passait m’avait guéri ; enfin, j’ai fait tant de mensonges, que M. et Mme de Ramière les ont devinés, je pense, et qu’ils ont été vous en parler. Et c’est alors qu’entendant votre voix, j’ai cru que vous veniez me chercher pour me punir ; je me suis précipité par la fenêtre ; j’ai couru comme un fou ; j’ai sauté dans le seau du puits, ne sachant ce que je faisais, et la pauvre Gudule, voyant mon danger, s’est jetée après moi pour me sauver.