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Hector.

Oui, cher monsieur, il s’accuse à tort. Il allait tomber dans le puits. Gudule a voulu le secourir ; elle s’est élancée dans un des seaux qu’on descend dans le puits. Léonce se tenait péniblement accroché à une pièce de bois. Quand Gudule l’a mis en sûreté et qu’elle a voulu enjamber le bord du puits pour en sortir, la corde s’est décrochée et Gudule est tombée au fond. Léonce a crié au secours ; personne n’est venu… On croyait qu’il criait pour attraper les domestiques, comme il a fait si souvent. Mais quand nous sommes accourus et que nous avons aussi crié, mon oncle est arrivé ; il a regardé dans le puits, et en se laissant glisser le long de la corde il y est descendu, il a pu saisir les cheveux de Gudule qui surnageaient, et il l’a tenue avec un de ses bras pendant qu’avec l’autre il se maintenait à la corde ; nos cris avaient attiré les domestiques ; ils nous ont aidés, Achille et moi, à remonter promptement la corde, que nous seuls ne pouvions tourner assez vite. C’est ainsi que mon oncle et Gudule ont été sauvés. Mais vous voyez, monsieur, que Léonce s’accuse à tort.

M. de Pontisse.

Que le bon Dieu te bénisse de ton récit, mon enfant ! Mon fils assassin de ma fille, c’était trop affreux !

Madame de Ramière.

Elle ouvre les yeux ! Elle est sauvée ! Il faut l’emporter dans la chambre de mes filles ; nous la déshabillerons, nous la sécherons avec du linge chaud, et nous la coucherons dans un lit bien bassiné ; dans peu de temps elle sera tout à fait remise, et nous vous la ra-