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plus mentir ; et, précisément, il faut que je mente pour m’excuser, pour expliquer ma guérison. Je crois que je les entends. Mon cœur bat. Pourvu qu’on me croie… S’ils ne me croient pas, je suis perdu.


Scène XIV

Léonce, M. et Mme de Ramière, Gudule, Gertrude, Francine, Hector et Achille.


(Ils entrent précipitamment et regardent Léonce avec curiosité.)

M. de Ramière.

Comment, Léonce, c’est-il possible ? Guéri ? En quelques instants ? Ça me semble louche, mon ami.

Léonce.

C’est pourtant vrai, monsieur, je vous le jure. J’étais, comme l’a vu Mme de Ramière, hors de moi, ne sachant ce que je disais ni ce que je faisais. Je ne sais pas comment je me suis trouvé dans la rue ; j’ai un souvenir confus d’avoir grimpé sur un mur et d’avoir sauté de l’autre côté. Il paraît qu’un monsieur qui passait par là et qui était médecin m’a vu tomber, m’a ramassé, m’a porté chez un pharmacien en face et m’a fait prendre une poudre qui m’a guéri en une minute. Je suis redevenu calme, tranquille ; j’ai demandé où j’étais, on m’a tout raconté, comment on m’avait ramassé, comment ce médecin a reconnu que j’avais un accès de rage et comment il m’avait guéri. Je me sentais très bien et je suis reparti bien vite pour venir vous rassurer ainsi que ma pauvre sœur,