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Gudule.

Essaye donc. Allonge le pouce et l’index, et tu verras si je suis facile à écraser.

Léonce.

Tu ne connais pas ma force, malheureuse !

Gudule.

Je ne la connais pas du tout, il est vrai.

Gertrude.

Nous voudrions bien la connaître.

Francine.

Et nous te prions de nous la faire connaître.

Léonce.

Vous ne savez donc pas, imprudentes, que pas plus tard que ces jours-ci j’ai relevé un cheval qui passait dans la rue.

Francine.

Comment, relevé ?

Léonce.

Avec mes deux mains ! Un cheval avait glissé, était tombé, se trouvait pris dans des cordes qu’il avait sur le dos, et il ne pouvait pas se relever ; une foule de gens s’était rassemblée autour de lui ; on le tirait, on le poussait, rien n’y faisait. Qu’est-ce que je fais ? J’écarte tout le monde ; j’arrive au cheval, je le pousse de mes deux mains ; je le soutiens ; il se relève un peu, puis encore un peu, puis tout à fait. Et la foule s’est mise à crier : « Bravo ! le jeune Hercule ! Vive Hercule ! » Quand j’ai vu qu’ils allaient me porter en triomphe, je me suis sauvé et je suis rentré à la maison.

Gudule.

Quand as-tu fait ce beau tour de force ?