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Scène III

Le curé, un instant après, Valentin.
Le curé, pensif, va et vient dans la cour.

Pauvre Valentin ! jusqu’aux enfants, tout le monde le fuit et le méprise. Je crains qu’il ne puisse pas tenir à cet abandon général. Moi, je ne l’abandonnerai pas ! Mais comment vivra-t-il sans ouvrage, si toutes ses pratiques le quittent ! (Il s’assied sur un banc près de la porte de Valentin et semble réfléchir. La porte s’ouvre et Valentin paraît, pâle et faible. Il s’assied près du curé et lui tend la main ; le curé tressaille.) Ah ! c’est vous mon pauvre garçon ! Pourquoi avez-vous quitté votre chambre ?

Valentin.

J’avais besoin d’air, monsieur le curé. Depuis cette blessure j’étouffe, je ne respire à l’aise qu’au grand air. J’ai entendu ce qui vient de se passer. Laissez-les, monsieur le curé, laissez ces enfants ; le bon Dieu me punit, c’est juste ! J’ai été si coupable !

Le curé.

Et si cruellement puni, mon ami !

Valentin.

Mais, voyez comme j’ai profité de la punition, monsieur le curé. Le bon Dieu a permis que, pendant mon séjour dans cet enfer, de saints religieux fussent venus prêcher une mission ; le bon Dieu a touché mon cœur ; je suis revenu à la foi de mon enfance, je la