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Scène II

Valentin, Lucien et Désiré, entrent en chantant.


Lucien, chante.

J’ai du bon tabac dans ma tabatière.

Désiré, chante.

J’ai du bon tabac, tu n’en auras pas.

Lucien.

Tu vas m’en donner un peu tout de même.

Désiré.

Pas un brin ! Tout pour moi.

Lucien.

Égoïste, va !

Valentin.

Qu’y a-t-il donc, mes mioches ? On dirait que vous vous querellez.

Lucien.

Je le crois bien. Désiré avait deux sous et moi aussi. Nous avons dit : « Toi, tu vas acheter un brûle-gueule de deux sous — Et toi, tu vas acheter pour deux sous de tabac — Toi, tu me prêteras ta pipe. — Toi, tu me donneras du tabac. — C’est dit. » J’achète la pipe, il achète le tabac. Je dis : « Donne, que je bourre ! » Il dit : « Non, c’est moi qui commence — Je veux bien, que je dis, mais après ce sera mon tour. — C’est entendu ! Donne la pipe. » Je donne, il bourre, il allume, il fume, et c’est fini. « Et moi ? que je lui dis. — Toi ? qu’il dit, tiens, voilà ton brûle-gueule. — Et rien de-