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Berthe.

Et toi donc, quand tu as dit que j’avais jeté mon livre de fables dans le puits !

Madame d’Atale.

Taisez-vous donc, mes enfants, je vous en prie ! Si vous saviez le chagrin que vous me causez en vous comportant comme vous le faites !

Berthe, l’embrassant.

Pardon, maman, j’en suis bien fâchée ; mais pourquoi nous avez-vous laissées si longtemps avec cette méchante cousine ?

Alice.

Oh oui ! maman, ne nous laissez plus avec elle ! Elle nous rend méchantes, nous le voyons bien.

Madame d’Atale.

Non, mes pauvres enfants, elle ne vous aura plus jamais. Mais comment ne m’avez-vous pas informée de ce que vous me dites ? Vous m’écriviez, au contraire, qu’elle était très bonne, que vous l’aimiez beaucoup.

Berthe.

C’est qu’elle nous défendait de nous plaindre, et elle nous forçait à écrire nos lettres devant elle ; c’est elle-même qui les cachetait et qui les mettait à la poste.

Madame d’Atale.

Et pourquoi ne demandiez-vous pas à vos cousines d’écrire ?

Berthe.

Elle ne nous laissait jamais seules avec nos cousines ; nous étions obligées de rester près d’elle pour qu’elle pût entendre tout ce que nous disions.