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ordres ; enfin je les trouve changées, et je ne puis dire que ce soit à leur avantage.

Madame d’Embrun.

Ma cousine, ce que vous avez déjà observé a été l’objet de ma sollicitude et de ma répression la plus sévère. Je voulais vous les rendre dociles comme des machines, tranquilles et calmes comme des eaux dormantes, silencieuses comme des statues de pierre, courageuses et endurant la souffrance comme des Lacédémoniens, polies et de nobles manières comme des dames de la cour du grand roi Louis XIV. — J’ai échoué en tout et pour tout. Il m’eût fallu plus de temps et une autorité plus absolue ; j’ai inutilement employé les remontrances sévères, les privations, les punitions corporelles, mais tout cela mitigé par un défaut de pouvoir et par la certitude d’un manque de durée.

Madame d’Atale.

Ce que vous me dites, ma cousine, me chagrine de toutes manières ; je vois que mes pauvres filles ont été malheureuses, et que vous-même vous avez pris beaucoup de peine sans obtenir la satisfaction du succès. Recevez toujours mes remerciements pour votre excellente intention, et pardonnez, je vous prie, les fautes dont mes pauvres petites se sont rendues coupables envers vous.

Madame d’Embrun.

Je continuerai avec plaisir cette éducation à peine ébauchée ma cousine.

Madame d’Atale.

Mille remerciements, ma cousine, l’éducation de mes filles est un devoir dont je ne dois laisser la charge