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Madame d’Atale.

Berthe, comment te permets-tu de parler ainsi de ta cousine ?

Alice.

C’est que toute la journée elle nous tourmente et nous ennuie ; alors…

Madame d’Atale.

Alice, tais-toi et fais tes excuses à Mme d’Embrun de ton impolitesse.

Alice.

Non, je ne peux pas.

Madame d’Atale.

Comment ! tu ne peux pas ? Quelle manière de répondre ! Je ne t’ai jamais entendue me parler ainsi.

Alice.

Pardon, maman ; c’est que lorsqu’on demande pardon à ma cousine il faut se mettre à deux genoux devant elle, joindre les mains, baiser les siennes et dire je ne sais quoi de si singulier que je l’oublie toujours.

Madame d’Atale.

Alice, tu dis des niaiseries pour t’excuser. Obéis-moi et demande pardon à Mme d’Embrun.

Alice, s’approche de Mme d’Embrun et veut l’embrasser en lui disant.

Pardon, ma cousine, je ne le ferai plus.

Madame d’Embrun, se redresse et recule.

On n’embrasse pas une personne qu’on a offensée, mademoiselle. On attend respectueusement et modestement qu’elle veuille bien vous pardonner ; et alors on ne se jette pas sur elle pour l’embrasser comme le ferait une vachère mal élevée, mais on salue profondément, on s’avance et on baise la main qu’elle