Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tiroir, ou bien si j’avais été pris emportant le paquet, ou bien si j’avais brûlé le tout, y compris le billet de mille francs ! je frémis rien que d’y penser !

Mathilde.

N’y pense pas, mon bon Guillaume, n’y pense pas, je t’en prie ; moi-même je tremble en y songeant.

Guillaume.

Et que vont devenir ces pauvres petites à présent que la cousine les a retrouvées ? Comment faire pour les lui enlever jusqu’à l’arrivée des mamans ?

Berthe.

J’espère que Mlle Octavie prendra notre défense ; j’ai déjà entendu, pendant que j’étais sous la table, qu’elle conseillait d’être moins sévère et que ma cousine avait l’air de céder, n’ayant pas pu faire de nous des filles bien élevées, comme elle dit. Et puis, mon cher Guillaume, tu seras là pour nous venir en aide, seulement jusqu’à demain.

Guillaume.

Oui, mes enfants, mais pas comme tout à l’heure. J’ai eu trop peur ! Mlle Octavie a raison ; je suis bête avec vous ; je ne sais pas vous résister, vous refuser. Et je vous demande à mon tour une grâce, une faveur, mes bons enfants. Ne me demandez jamais des choses dangereuses et mauvaises. Et quand je vous témoigne de la répugnance pour vous satisfaire, n’insistez pas, je vous en prie, car si je résiste, c’est que ma conscience me dit que ce que vous me demandez est mauvais. Voyez-vous, mes enfants, vous êtes jeunes, vous ne réfléchissez pas, vous ne prévoyez pas ; et moi, qui suis vieux, je prévois tout. Et si je suis si bête vis-à-vis de vous, c’est que je vous aime trop,