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bonne, par leurs cousines, et par vous, mademoiselle.

Mademoiselle Octavie.

Mais, madame, il y a deux ans que je les connais, qu’elles viennent passer six mois de l’année ici, à la campagne, chez leur tante, Mme d’Ulsac. Je vous assure qu’elles étaient très bonnes, très gentilles ; leur changement date du jour où vous avez bien voulu, par amitié pour les parents, vous charger de les diriger en l’absence de Mme d’Atale. Vous me reprochez de les soutenir, madame ; leur mère, redoutant un peu trop de sévérité de votre part, m’a priée de ne pas les abandonner et de les protéger en cas de nécessité. Voilà pourquoi je me permets de me mêler de leurs affaires, et de soutenir quelquefois ces pauvres enfants dont j’ai réellement pitié.

Madame D’Embrun.

Tenez, ma chère demoiselle, savez-vous le résumé de tout ce que vous dites ? C’est que nos enfants français sont très mal élevés, qu’ils sont gâtés, qu’ils se tiennent mal, qu’ils parlent trop, qu’ils ont des jeux de gamins, qu’ils ne connaissent plus la politesse française, les bonnes manières. C’est cela que je voulais donner à mes petites cousines pendant l’absence de leurs parents ; mais je crois que je dois y renoncer et les laisser redevenir des filles mal élevées, se tenant mal et parlant à tort et à travers. (Elle se lève.) Avec tout cela, ces vilaines enfants ne se retrouvent pas. Je ne sais que faire ! Pourvu qu’elles ne se soient pas noyées dans quelque bassin ! C’est terrible ! (Elle se dirige vers la porte.)