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Madame d’Embrun.

Mais je vous assure qu’il faut de la sévérité avec les enfants, sans quoi ils deviennent désobéissants, impertinents, paresseux, menteurs ! Chez M. Northson, chez M. Castwind, chez Mme Southway, trois grandes familles avec lesquelles j’ai beaucoup vécu du vivant de mon mari, quand il était ministre aux États-Unis, les enfants étaient élevés à obéir comme des machines : les institutrices avaient permission d’user de toutes les punitions et privations nécessaires ; elles en ont fait des enfants étonnants ; cette ceinture, que vos petites trouvent cruelle, je l’ai toujours vu employer pour le travail, pour empêcher les défauts de la taille, et c’est de New York que je l’ai apportée ; et on comprend que ce moyen réussisse, de même que le collier de force rend les chiens d’arrêt dociles et excellents. La sévérité et les punitions sont les grands moyens d’action ; le reste, remontrances douces, gronderies de second ordre, est insuffisant.

Mademoiselle Octavie.

Mais, madame, pourquoi mes petites, que je ne punis jamais, que je ne gronde presque jamais, que j’aime et auxquelles je le témoigne, sont-elles si obéissantes, si consciencieuses, si aimables, si pieuses, si bonnes, tandis que Berthe et Alice, qui se trouvent sans cesse grondées, punies, deviennent de jour en jour plus indociles, plus révoltées, plus difficiles à mener ?

Madame D’Embrun.

Parce que je ne suis près d’elle que depuis six semaines, et qu’elles se sentent soutenues par leur