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le crayon et prend sa plume en rougissant.) Et quel air embarrassé vous avez ! De vraies mines de coupables ! Voilà ce que c’est que de gâter les enfants ! On vous laisse faire toutes vos volontés. Il en résulte de jolies choses !

Mathilde, vivement.

Maman et notre chère Mlle Octavie n’ont pas à se plaindre de nous, madame ; ainsi vous pourriez vous dispenser de blâmer devant nous l’éducation qu’elles nous donnent.

Madame d’Embrun.

Éducation qui vous rend polies et charmantes, en vérité ! Ah ! si je vous élevais, moi, ce serait autre chose !

Mathilde.

Oui, ce serait autre chose, car nous serions malheureuses au lieu d’être heureuses.

Clémence.

Et méchantes et paresseuses comme le sont devenues Berthe et Alice.

Berthe, dessous la table.

Ce n’est pas vrai, je ne suis pas méchante quand ma cousine n’est pas là !

Madame d’Embrun.

Qu’est-ce que j’entends ! Voilà la cause de l’embarras et de l’impertinence ! Sortez de votre cachette, mademoiselle, et suivez-moi ! (Pendant que Mme d’Embrun parle, Berthe sort à quatre pattes de dessous la table, du côté opposé à Mme d’Embrun, et se glisse jusqu’à une porte entrouverte donnant dans le jardin. Mme d’Embrun attend quelques instants, et, ne voyant