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Sidonie.

J’ai bien cru hier que tout était perdu quand Madame a trouvé votre chapeau, Jules.

Jules.

Et Antonin qui était chez moi et qui n’osait plus sortir !

Sidonie.

Comment, chez vous ?

Jules.

Chez moi, c’est-à-dire dans mon ancien chez-moi, dans ma chambre d’autrefois, dont j’ai gardé la clef, et où je viens de temps à autre, vous savez ?

Sidonie.

Le fait est que j’ai eu bien peur et que j’ai cru que nous étions tous découverts. Si cet imbécile d’Hilaire avait seulement dit un mot, je ne sais pas, ma foi, comment je m’en serais tirée ; heureusement, le nigaud n’a pas parlé ; et moi, j’ai fait l’ignorante sur ce que Madame vous avait reproché, et alors Madame m’a raconté comme quoi vous aviez ouvert son secrétaire et puisé dedans. Je n’en ai pas cru un mot, vous pensez bien ; je connais les maîtres ; je sais comment ils parlent de nous autres pauvres domestiques, qui gagnons notre vie en les servant comme des esclaves. Quand ils ont renvoyé un domestique, c’est toujours la même chanson : insolent, paresseux, sale, voleur ; voleur, surtout ! c’est leur grand mot ! Comme si on était voleur pour quelques méchantes bouteilles de vin, quelques gâteaux et autres friandises ! Ils en mangent bien, eux ! Pourquoi donc n’en mangerions-nous pas aussi ?