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je le mérite ; seulement, cela me chagrine quand Madame croit, comme tout à l’heure, que je ne dis pas la vérité, que j’ai menti pour m’excuser. C’est cela qui est dur, mam’selle. J’ai tant promis à mon père, à maman, de ne jamais tromper, de ne jamais mentir ! Vous pensez, mam’selle, que cela fait rougir, quand on est accusé d’une vilaine chose comme cela.

Caroline.

Mais de quoi donc maman vous a-t-elle accusé, pauvre Hilaire ?

Hilaire.

Madame croit que je n’ai rien laissé pour votre goûter, mademoiselle, et que pour m’excuser j’ai menti en lui contant tout ce que j’avais réellement laissé.

Caroline.

Comment ? C’est pour notre goûter que vous avez du chagrin ? Mais il ne faut pas vous affliger pour si peu de chose, Hilaire. Qu’est-ce que ça fait que nous n’ayons que du pain sec ?

Hilaire.

Ce n’est pas pour le pain sec, c’est pour ce que j’aurais menti, comme le croit votre maman, mam’selle.

Caroline.

J’arrangerai tout cela, Hilaire ; soyez tranquille. Tout à l’heure, en sortant avec maman, je lui raconterai ce que vous venez de me dire et vous verrez qu’elle vous croira toujours. Adieu, mon bon Hilaire, adieu, ne pleurez pas.

(Caroline sort ; un instant après, par une autre porte, entrent Sidonie et Antonin.)