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été si longtemps ? Pourquoi nous as-tu quittés ?

Rame.

Pauvre petite Mam’selle, chère petite Mam’selle, comme vous grandie ! Rame plus porter petite maîtresse. Où donc maîtres à moi ? moussu Dormère, madame Dormère ?

— N’en parle pas, Rame, dit Pélagie qui était près de lui : ils sont morts tous les deux. Geneviève est chez son oncle, M. Dormère.

Le nègre, consterné.

Morts ! morts ! Pauvres maîtres ! Pauvre petite Mam’selle ! »

Toute la joie du nègre avait disparu ; une grosse larme coula le long de sa joue. Geneviève pleura aussi ; la vue du nègre lui avait rappelé sa petite enfance et ses parents.

« Que diable veut dire tout cela ? dit enfin M. Dormère, qui avait été tellement surpris de cette scène qu’il était resté immobile ainsi que Georges.

— Monsieur, dit Pélagie en s’avançant vers M. Dormère, c’est le pauvre Ramoramor, ce nègre si fidèle, si dévoué, dont le frère et la belle-sœur de Monsieur lui ont parlé tant de fois. Il était au service de M. et Mme Dormère pendant les cinq années qu’ils sont restés en Amérique ; il s’est embarqué avec eux, n’ayant jamais voulu les quitter ; il a disparu pendant le retour, et jamais personne dans le bâtiment n’a su ce qu’il était devenu. Et le voici arrivé sans que je sache comment il a pu nous retrouver.