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Georges.

Ce que deviennent ceux qui y sont, ma cousine ; je travaillerai, je jouerai, je me promènerai : je serai très heureux.

Mademoiselle Primerose.

Heureux ! Dans une prison ?

Georges, riant.

Ha, ha, ha ! Une prison ! Je veux aller dans cette prison, moi, et je vous prie en grâce, ma cousine, de ne pas m’empêcher d’y entrer. »

Mlle Primerose était stupéfaite.

« C’est incroyable ! Ils sont fous, en vérité ! Le père est calme comme un chef de sauvages, et le fils tend le cou pour être mis à la chaîne.

« C’est bien, mon ami ; faites comme vous voudrez ; je ne me mêlerai plus de vos affaires. Allez, allez, je ne vous retiens plus.

— Merci, ma cousine ! » s’écria Georges ; et il s’éloigna en courant. Les trois enfants le suivirent ; elle put entendre leurs éclats de rire qui se prolongèrent une grande distance.

« Faites donc du bien aux gens malgré eux, dit-elle en s’en allant lentement du côté de la maison. J’y ai gagné d’avoir des douleurs dans les bras… Est-il fort ce garçon ! J’avais une peine à le retenir… Et quelle ingratitude ! Au lieu de me remercier, il me rit au nez ; et tous les trois se moquent probablement de ma bonté… Au fait, le père a raison : que faire d’un pareil sans-cœur ? Et le père n’en a guère plus que le fils. Ma foi, je ne m’en mêle plus. »