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de votre offre généreuse. Oui, venez, venez tous chez moi, ne me quittez pas. Dieu récompensera votre dévouement. »

Après un séjour de deux heures, Jacques, Geneviève et Mlle Primerose s’en allèrent, lui promettant de revenir le lendemain dans l’après-midi. Il les remercia, en pleurant, du pardon qu’ils voulaient bien lui accorder, et qu’il ne méritait pas, disait-il.

Ils vinrent en effet le lendemain et changèrent, par leur présence, l’affreuse vie qu’il s’était faite, en une vie sinon agréable, du moins calme et tolérable.

Il se plaisait à faire revenir Mlle Primerose sur le passé, à lui raconter et expliquer ce qu’il ignorait encore, à lui dévoiler les infamies de Georges. Il aimait à entendre parler du bonheur de Jacques et de Geneviève, de leur amour naissant. Il connut la part brillante qu’avait prise Jacques aux glorieuses batailles de Mentana et de Monte Rotondo ; le beau dévouement de Rame pour préserver le mari de sa chère petite maîtresse ; il gémit de son injustice à l’égard de cet admirable serviteur.

Les jours s’écoulèrent ainsi paisibles et presque heureux. Les seuls moments amers étaient ceux qui le reportaient sur son fils, lequel, depuis son départ, ne lui avait pas donné signe de vie.

Six mois après, il reçut une lettre cachetée de noir. Il l’ouvrit ; elle était du consul de France à la Vera-Cruz et lui annonçait que son fils Georges