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Le chirurgien ne tarda pas à arriver ; il examina la plaie, retira la balle qui y était restée, mais pas à une grande profondeur, et déclara qu’il ne trouvait pas de gravité à la blessure ; qu’il fallait de grands soins, beaucoup de calme, de silence, de repos. Il banda la plaie après l’avoir pansée et humectée de baume du Commandeur pour empêcher l’inflammation ; il recommanda de l’humecter toutes les heures, mais sans rien déranger aux linges et aux bandes.

Il pansa aussi une blessure au front, produite par un coup de sabre, et une autre, résultant d’un coup de baïonnette au bras gauche. Il ordonna de l’eau fraîche pour boisson et promit de revenir le lendemain.

Geneviève assista et aida elle-même avec Pélagie au pansement des blessures de Jacques ; il ouvrit plusieurs fois les yeux pendant l’opération, reconnut sa femme et lui adressa un regard de tendresse et de douleur qui manqua faire perdre à la malheureuse Geneviève le courage qu’elle avait conservé.

Quand le pansement fut terminé, Jacques voulut parler, mais le médecin lui défendit d’articuler un seul mot. Jacques obéit et referma les yeux. Geneviève ne le quitta pas d’un instant ; elle resta immobile près de lui, tantôt assise dans un fauteuil, tantôt à genoux, priant et remerciant Dieu et mêlant le pauvre Rame à ses prières ; le souvenir de cet ami dévoué et si gravement blessé lui fit verser bien des larmes silencieuses, qu’elle dissimulait de son mieux.