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« Adieu, mon amie, ma femme chérie, dit Jacques en la serrant contre son cœur ; prie pour moi, pour nous ; je t’aime. — Adieu. »

Et il s’arracha des bras de Geneviève. Elle poussa un cri douloureux : « Jacques, mon Jacques ! » Et elle s’affaissa évanouie sur le tapis. Jacques revint à elle, la prit dans ses bras, la posa sur un canapé, l’embrassa encore dix fois, cent fois, appela Pélagie et s’éloigna suivi de Rame, qu’il remercia d’un serrement de main.

Chacun sait la glorieuse histoire de cette courte campagne, qui se termina par les deux magnifiques et meurtriers combats de Mentana et de Monte Rotondo. Pendant trois jours, quatre mille hommes, qui composaient l’armée pontificale, luttèrent sans repos contre quinze à vingt mille révolutionnaires bien armés, bien repus et commandés par des officiers italiens.

La victoire des pontificaux fut complète, grâce à la courageuse intervention de nos braves soldats français, heureusement arrivés et débarqués à temps pour compléter la déroute honteuse des misérables bandits.

Le combat était fini ; les saintes sœurs de charité, de saints prêtres et prélats continuaient à parcourir le champ de bataille pour ramasser les blessés, les secourir et les porter aux ambulances. Mgr B…, aumônier en chef des zouaves pontificaux, n’avait pas quitté le lieu du combat ; dès le commencement il courait à ceux qui tombaient, les bénissait, leur donnait la dernière absolution ; il