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tant de fois protégé contre les balles ennemies ; souviens-toi de la bénédiction toute particulière que nous avons reçue ensemble du Saint-Père ; il nous a promis de prier pour nous. Que ce souvenir soutienne tes forces, ma bien-aimée !

Geneviève.

Oh ! Jacques, mon amour, ma vie, tu seras seul dans ces terribles combats ; personne pour veiller sur toi ; personne pour te ramasser si tu tombes victime de ton courage. »

« Pardon, petite Maîtresse ; Rame zouave, Rame veiller sur jeune Maître. Rame pas laisser tuer jeune Maître. Moi pas quitter, moi mourir pour jeune Maître. »

Geneviève jeta les yeux sur Rame aux premières paroles qu’il avait prononcées ; il était vêtu en zouave ; car il avait été s’engager en demandant la faveur de ne jamais quitter son jeune sergent ; elle lui fut facilement accordée. Il était déjà connu dans le corps des zouaves ; on savait l’histoire de son dévouement pour Geneviève, et chacun lui portait intérêt.

Geneviève quitta Jacques pour se jeter dans les bras de Rame :

« Mon bon Rame, mon ami fidèle et dévoué, merci, mille fois merci ; je t’aime, mon cher Rame ; plus que jamais, ton dévouement me rassure, me console ; que Dieu daigne te bénir et te ramener près de moi avec mon bien-aimé Jacques ! »

Rame pleurait et baisait les mains de sa chère jeune maîtresse avec une reconnaissance égale à son dévouement.