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décision ; j’irai pendant ce temps dîner au village. »

Le notaire se retira emportant son portefeuille.

Quand il fut parti, M. Dormère regarda son fils et dit avec colère :

« Misérable ! qu’as-tu fait ? Mentiras-tu jusqu’au dernier moment ?

Georges.

Signez, mon père, signez tout ce qu’il voudra. J’avoue tout ce dont on m’accuse ; cela me sauvera de la prison.

M. Dormère.

Lâche ! menteur ! tu as déshonoré mon nom ! Je te chasse ; je te déshérite.

Georges.

Très bien ; mais il me faut avoir de quoi vivre honorablement. Donnez-moi de l’argent et je vous quitterai volontiers ; autrement je reste ; j’emprunte sur mon héritage futur cinq à six cent mille francs ; après quoi je pars pour ne jamais revenir et je vous laisse pour adieu ma malédiction comme récompense de la belle éducation que vous m’avez lâchement et sottement donnée.

M. Dormère.

Je signerai tout ; mais va-t’en ; ta vue me fait mal.

Georges.

Donnez-moi de l’argent ; sans cela je ne pars pas.

M. Dormère.

Prends tout ce que tu voudras et laisse-moi finir seul ma misérable vie. »

M. Dormère serra son front dans ses mains. « Le misérable ! dit-il. Pourquoi l’ai-je connu si tard !