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polie tout en étant froide comme elle doit l’être. Il ne peut pas vous refuser ; vous aurez une bonne réponse.

Mademoiselle Primerose.

Que Dieu t’entende, mon ami ! Moi qui le connais depuis près de quarante ans, je crois qu’elle sera mauvaise ; mais ne nous en effrayons pas : nous avons des armes, et le brave notaire le persuadera, la lettre et la loi à la main. »

Le lendemain, le subrogé tuteur de Geneviève vint déjeuner. Il parut très content de sa pupille et de Jacques, approuva chaleureusement l’engagement dans les zouaves pontificaux, et demanda à Geneviève de lui raconter la scène du vol de Georges.

Geneviève fut très émue de cette demande et supplia son tuteur de la dispenser de ce pénible récit.

Le notaire.

Je suis fâché, ma chère petite pupille, de vous obliger à recueillir ces douloureux souvenirs, mais c’est nécessaire, croyez-moi. Il faut que je sache tout, car j’aurai une rude opposition à vaincre. »

Geneviève, pâle et tremblante, raconta dans tous les détails les paroles et les actions de Georges ; elle expliqua comment elle était cachée à ses regards par le renfoncement de la bibliothèque et par la colonne. Pour lui faire mieux comprendre ce qui lui paraissait peu clair, elle voulut crayonner le plan de la bibliothèque, mais sa main tremblante laissait échapper le crayon.