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Mademoiselle Primerose.

Pourquoi cela, monsieur le nigaud ?

Jacques.

Parce qu’elle est riche et que je ne le suis pas ; je ne veux pas que ma femme et sa famille puissent me soupçonner d’avoir fait un mariage d’argent.

Mademoiselle Primerose.

Que tu es bête, mon pauvre garçon ! Qui pourra te soupçonner d’un aussi ignoble sentiment ? En voyant Geneviève, qui pourra douter que tu n’aies été subjugué par tant de charmes ? Qui pourra ignorer que vous vous aimez depuis l’enfance, que votre tendresse a grandi avec vous, et que Geneviève elle-même t’aime autant que tu l’aimes ? Qu’importe que tu sois moins riche qu’elle ? Tu lui apportes bien d’autres avantages cent fois plus précieux qu’une fortune dont elle n’aurait que faire ; par-dessus tous les autres, une belle réputation méritée depuis ton enfance, et des qualités personnelles devenues si rares maintenant et qui assurent le bonheur d’une femme.

Jacques.

Chère, chère mademoiselle, que vous me rendez heureux ! Vous croyez vraiment que je puis espérer d’être agréé par ma chère bien-aimée Geneviève ? qu’elle ne me repoussera pas comme elle l’a fait pour les autres propositions très belles que vous lui avez fait connaître ?

Mademoiselle Primerose.

J’en suis certaine, mon ami. Il y a longtemps que je vois se développer en vous deux ce senti-