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Geneviève.

Partir ! Pour toujours ! Oh ! Jacques, je suis vouée au malheur ! »

Elle tomba en sanglotant dans un fauteuil. Jacques, très ému lui-même, chercha à la consoler de son mieux.

Il s’assit près d’elle ; Geneviève, encore affaiblie par sa maladie, n’avait pas la force nécessaire pour commander à ses impressions ; elle continua à pleurer amèrement.

Geneviève.

Partir ! Pour toujours ! M’abandonner ! Jacques, tu es cruel.

Jacques.

Ma Geneviève chérie, cette séparation ne m’est pas moins cruelle qu’elle l’est à toi ; mais le devoir doit passer avant le bonheur : Rome est plus menacée que jamais !

«  Le saint-père Pie IX appelle les chrétiens catholiques pour défendre le siège de la foi ; je me suis engagé dans les zouaves pontificaux, et je dois partir dans quinze jours ou un mois. »

Geneviève s’était calmée à mesure que Jacques parlait. Quand il eut fini, elle poussa un cri de joie, et, prenant à deux mains la tête de Jacques qu’elle serra contre sa poitrine :

« C’est à Rome que tu vas ! Oh ! bonheur ! Mon Dieu, je vous remercie ! Jacques, Jacques ; moi aussi je vais à Rome. Nous partirons avec toi. Je ne te quitterai pas. Je serai près de toi. »

Ce fut au tour de Jacques de s’extasier sur son