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Mlle Primerose, touchée des sentiments que lui manifestait Jacques, y répondit très amicalement. Elle avait ramassé la lettre foulée aux pieds de Jacques et la remit soigneusement dans sa cachette.

Jacques.

Comment gardez-vous une pareille monstruosité, chère mademoiselle ?

Mademoiselle Primerose.

Mon ami, c’est une pièce très importante à conserver. Geneviève est encore sous la coupe du père jusqu’à vingt et un ans. On ne sait pas ce que peuvent inventer des êtres pareils ; c’est la seule arme que nous ayons. Il faut la garder, le bon Dieu l’a fait tomber dans mes mains. Geneviève ne s’en doute pas, heureusement. »

Jacques lui baisa la main et sortit. Il entra dans le salon ; il vit Geneviève endormie sur le canapé. Il s’avança doucement près d’elle, longtemps il la regarda avec respect et admiration ; puis il s’approcha, prit une des mains restée étendue et la baisa tendrement.

« Généreuse, admirable et bien chère amie, dit-il à voix basse, je t’ai toujours aimée et je t’aimerai toujours. Tu trouveras en moi, jusqu’au dernier jour de ma vie, un ami fidèle et dévoué. »

Il replaça doucement la main de Geneviève sur le canapé et voulut sortir ; Geneviève s’éveilla.

Geneviève.

C’est toi, Jacques ? comme tu es pâle ! C’est ma cousine, n’est-ce pas, qui t’a ainsi troublé ? Pauvre