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« Dites à Mlle Primerose que je vais envoyer mon médecin à ma nièce. »

Cinq minutes après, il reçut un second billet, ainsi conçu :

« Monsieur,

« Laissez-nous tranquilles ; je ne veux pas de médecin. Timeo Danaos et dona ferentes[1].

« Cunégonde Primerose. »

Il n’y eut pas d’autre message.

Mlle Primerose disait vrai en écrivant à M. Dormère que Geneviève était malade. Elle refusa effectivement le dîner que lui servit Rame et que Mlle Primerose et Pélagie la pressaient de manger. Mlle Primerose le mangea seule, car l’indignation et le chagrin n’avaient pas diminué son appétit ; les deux billets qu’elle avait envoyés à M. Dormère étaient, disait-elle, un commencement de vengeance.

« Je n’en resterai pas là ; il en verra bien d’autres. »

Elle parlait, mais Geneviève n’apportait aucune attention à ses paroles ; elle souffrait de la tête et obtint non sans difficulté, à la fin de la journée, que Mlle Primerose la laissât seule avec sa bonne. La nuit fut d’une agitation affreuse ; vers le matin, Pélagie appela Rame, qui n’avait pas quitté la porte de sa jeune maîtresse, et lui demanda d’aller chercher le médecin.

  1. « Je crains les Grecs et leurs présents. » (Virgile, Énéide.)