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faites-lui comprendre la faute qu’elle commet. »

Mlle Primerose s’approcha de Geneviève, la pria, la supplia de parler, de nommer le voleur. Geneviève résista à toutes les supplications ; elle pleura, elle sanglota en embrassant sa cousine qui pleurait avec elle, mais elle persista dans son refus.

M. Dormère, outré de cette inexplicable persistance, dit avec colère :

« Eh bien ! mademoiselle, puisque vous vous obstinez à taire un nom qu’il vous serait si facile de prononcer, je vais prendre un moyen qui me répugne, mais auquel vous me forcez d’avoir recours : je vais de ce pas déposer ma plainte et mettre l’affaire entre les mains du procureur impérial. »

Et il s’avança vers la porte. Geneviève poussa un cri, s’élança vers lui, se jeta à ses genoux en lui barrant le passage et s’écria :

« Au nom de Dieu, au nom de tout ce qui vous est cher, n’exécutez pas votre menace. Mon oncle, écoutez-moi, voyez-moi, la fille du frère que vous aimiez, prosternée à vos pieds, vous suppliant de ne pas salir l’honneur de votre maison.

M. Dormère.

Ma maison ? En quoi ma maison serait-elle entachée par une plainte en justice ? Ma maison ! »

Il réfléchit un instant ; un sentiment de colère se peignit sur son visage ; repoussant Geneviève avec une violence qui la fit tomber la face contre terre, il s’écria :

« Malheureuse ! c’est ton Rame ! Je le chasse ! je le livre aux tribunaux !