Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Georges.

Hélas ! ma cousine, mes journées étaient si occupées ; des cours à suivre, des examens à préparer ; il ne restait plus de temps pour mes amis.

Mademoiselle Primerose, d’un ton moqueur.

Laisse donc ! Crois-tu que j’ignore tes déjeuners, tes dîners fins, tes spectacles, tes parties de plaisir ? Voyons, finissons cette comédie ; je n’ai pas dix-huit ans comme Geneviève ; ne joue pas l’attendrissement, le repentir. Je devine ce que tu veux ; tu ne l’auras pas, c’est moi qui te le dis. — Laisse-nous finir nos petits arrangements ; nous irons te rejoindre au salon à l’heure du dîner. »

Georges ne répondit pas et sortit fort irrité contre la cousine Primerose, qui lui inspirait la même antipathie que dans son enfance.

« Si on pouvait l’éloigner, pensa-t-il, la faire partir ! Cette vieille folle dérangera les projets de mon père, et je n’aurai pas Geneviève. Et cette petite sotte qui ne me défend pas, qui ne dit pas un mot en ma faveur ! Mais elle est jolie, très jolie ; elle a quatre-vingt mille livres de rente ; il faut absolument qu’elle consente à devenir Mme Dormère. »

Georges alla raconter à son père son insuccès près de Mlle Primerose.

« Figurez-vous, mon père, dit-il en terminant son récit, qu’elle a eu la méchanceté de rappeler le mauvais tour que je lui ai joué en barbouillant le portrait de son horrible nègre. Je ne savais quelle contenance tenir. C’est désagréable cela.