m’avez fait tant de bien, que j’aime tant, vous allez donc nous quitter ? Je ne vous verrai plus ?
Non, non, ma chère petite ; sois tranquille ; je te verrai, tu me verras, tu verras Rame et Pélagie. J’ai aussi mes petits projets, moi ; et je vexerai ce seigneur pacha qui veut nous vexer pour venger son cher fils de la honte qu’il s’est attirée par sa scélératesse. Ah ! mon beau cousin ! vous voulez nous punir, nous affliger tous du même coup de filet ! Du tout, du tout. Je ne vous laisserai pas faire ; je suis là, moi. — Voici ce que je vais faire. — Je vais prendre une maison à Auteuil, à la porte de Paris. Je vais m’y installer avec toi, avec Pélagie, Azéma et Rame. Tu iras en pensionnaire externe chez les Dames de l’Assomption ; tu mangeras et tu coucheras chez moi ; tu seras tranquille, heureuse. Ton oncle enragera, et je me moquerai de lui, je ne perdrai pas une occasion de le faire enrager.
Merci, ma bonne cousine, de votre bonne pensée ; mais mon oncle le voudra-t-il ?
Il faudra bien qu’il le veuille ; j’ai sa lettre qui m’autorise à faire de toi ce que je voudrai. Et je veux cela, moi ; il ne peut pas m’en empêcher.
Mais, Mademoiselle, permettez-moi de vous faire observer que ce sera un établissement bien cher ; votre fortune pourra-t-elle suffire à la dépense ?