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M. Dormère.

Mais qu’est-ce donc, ma cousine ? Veuillez m’expliquer…

Mademoiselle Primerose.

Ce sera facile à comprendre. Vous connaissez le portrait que j’ai fait de Rame ?

M. Dormère.

Certainement, et peint avec beaucoup de talent. Est-ce que Georges se serait permis de le blâmer ?

Mademoiselle Primerose.

Ce ne serait pas un grand crime : d’abord il n’y connaît rien et son jugement m’importe peu ; et puis chacun est libre d’avoir son goût.

M. Dormère.

Mais qu’a donc fait Georges ? Je ne devine pas en quoi il a pu vous fâcher à propos de ce portrait.

Mademoiselle Primerose.

Il a imaginé d’abîmer mon travail qui représentait un homme qu’il déteste, qui appartenait à Geneviève qu’il cherche à chagriner de toutes façons, et qui était fait par moi qu’il n’aime pas davantage. M. Georges est monté sur une chaise après avoir pris ma palette, mes couleurs et mes pinceaux ; il a barbouillé la figure de Rame, il lui a peint deux cornes sur la tête, il a couvert de noir son bel habit rouge ; et pendant qu’il était à ce beau travail, il a été surpris par Rame, qui n’était pas sorti avec nous et qui l’a pris sur le fait ; ainsi il ne pourra pas nier cette fois.