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sieurs autres cris retentit dans le bois. Georges écoutait ; les cris se rapprochaient, mais devenaient plus faibles. Enfin des voix confuses s’y mêlèrent ; il distingua celle de Mlle Primerose couvrant celle plus douce de Geneviève. Il reconnut aussi la voix de Rame entrecoupée de gémissements. Tout s’apaisa en approchant du château ; plusieurs personnes montèrent précipitamment l’escalier et se dirigèrent vers l’appartement de Mlle Primerose.

« Je suis perdu, se dit-il ; quelqu’un m’aura vu et aura été avertir la grosse Primerose, la sotte Geneviève et cet imbécile de nègre. — On n’a pas pu me reconnaître, j’espère. — Quand je me suis retourné, il n’y avait plus personne. — Je dirai que ce n’est pas moi. — Ils croiront ce qu’ils voudront ; je soutiendrai que je ne suis pas sorti de ma chambre. — Vite un livre devant moi. »

En prenant le livre, il s’aperçut qu’il avait de la couleur aux mains ; il se dépêcha de les savonner, de les brosser jusqu’à ce qu’il ne restât plus de traces de couleur. Mais… on ne pense pas à tout quand la conscience est troublée ; il oublia de vider la cuvette colorée de rouge et de noir, et de retourner le bas de ses manches, qui avaient touché à la couleur et qui en avaient en dedans ainsi que les manches de sa chemise. Il reprit son livre et attendit.

Pendant qu’il préparait son mensonge en faisant disparaître les traces de sa méchanceté, Rame, car c’était lui qui avait surpris Georges et qui s’était