Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’heure se passa merveilleusement ; Rame ne bougea presque pas ; sauf quelques petits sauts, quelques bâillements et mouvements nerveux, il posa très bien.

« C’est fini », dit enfin Geneviève.

D’un bond, Rame fut auprès de Mlle Primerose ; il battit les mains, il rit aux éclats, il fit des pirouettes dans son admiration.

Rame.

Petite Maîtresse venir voir. Comme Rame joli ! Comme Rame a beaux yeux ; tout blanc, tout noir !

Geneviève.

À présent, va te reposer, mon pauvre Rame ; va boire un verre de vin ; pendant ce temps ma cousine me donnera un nouveau devoir à faire. »

Rame sortit en gambadant.

Mlle Primerose se leva.

« Je vais me reposer aussi un instant. Je me suis tant dépêchée que j’en ai le poignet fatigué. »

Tous les jours les mêmes scènes recommençaient. Pourtant, lorsqu’au bout de cinq ou six jours la tête fut terminée, se détachant sur un beau ciel bleu sans nuages, Rame fut enchanté. Mais sa joie ne fut pas de longue durée. Il devint triste.

« Pauvre Rame ! s’écria-t-il.

Mademoiselle Primerose.

Pourquoi pauvre Rame ? Qu’y a-t-il encore ?

Rame.

Pauvre Rame, pas d’habit. Tête coupée, pas de corps.