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la poche de Georges tremblant, en tira le mouchoir, le déploya, et chacun put voir les traces orangées et très visibles des abricots du matin.

Jacques.

Eh bien ! mon oncle, qu’est-ce qui a dit vrai ?

M. Dormère, tristement.

C’est toi, mon ami, bien certainement.

Jacques.

Et Geneviève aussi, que vous soupçonniez, mon oncle.

M. Dormère, tristement.

Tu as raison et j’ai eu tort. Je ne pouvais croire que Georges pût mentir aussi effrontément. »

M. Dormère embrassa Geneviève comme pour lui demander pardon de son injustice et il monta en voiture ; Jacques l’embrassa aussi avec triomphe en lui disant tout bas :

« Comme je suis content d’avoir pu te justifier ! »

Geneviève l’embrassa bien fort :

« Combien je te remercie, mon bon, mon cher Jacques ! »

Rame, qui était près de Geneviève, saisit la main de Jacques et la baisa à plusieurs reprises. Georges était déjà monté dans la voiture ; Jacques s’y plaça à son tour, et la voiture s’éloigna. Aussitôt qu’elle fut hors de vue, Rame commença à témoigner son bonheur à la manière accoutumée des nègres ; il sautait, pirouettait, poussait des cris discordants.

« Bon, bon, bon, moussu Jacques, criait-il. — Ah ! coquin moussu Georges ! — Lui puni ! lui