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LES VIOLETTES ET LES ABEILLES.



Vous voilà de retour, petites violettes !
Épanouissez-vous, levez vos humbles têtes ;
L’aurore impériale à nos cieux vient briller.
Souvenirs embaumés, qu’on aime et qu’on respire,
Vous parfumiez jadis les jardins de l’Empire,
Fleurissant pour César, à côté du laurier.
                                     
Vous qui preniez le monde au bout des baïonnettes,
Vieux soldats, vous portiez ces douces violettes
Auprès du ruban rouge, un rubis de vos camps,
Un don de l’Empereur, et l’on aurait pu croire
Qu’il vous sortait du cœur, pour ce dieu de la gloire,
Une goutte de sang avec un grain d’encens.
                                     
L’abeille aussi revient et suit sa fleur chérie.
Abeilles des beaux-arts, de l’active industrie,
Artistes, ouvriers, plus d’émeute, de fiel :
Ne souillez pas la France, ornez-la de merveilles ;
Ne soyez pas serpents, vous que Dieu fit abeilles,
Dédaignez le venin, vous qui faites le miel.