Page:Ségalas - Les Oiseaux de passage, 1837.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.
72
le voyageur.



J’irai te trouver, nègre, ô frère des démons,
Nègre aux deux yeux ardens sur une face noire ;
Albinos, mort vivant, aussi blanc que l’ivoire ;
Et toi, More cuivré. Partons ! >
Je veux partout voir l’homme aimer, souffrir, et vivre ;
Savoir si l’âme change ou lance un même éclair,
Quand on la voit briller sous les masques de fer,
Sous ceux d’albâtre et ceux de cuivre.


Oh ! voyager ! semer ses jours dans maints climats,
Semer sur maints chevets ses rêves, et sans cesse
Voir et passer ! mon cœur en bondit ! quelle ivresse !
Juif errant, je ne te plains pas :
Toi, maudit, parcourir le globe vert et riche !…
Oh ! pour le châtier, votre Juif passager,
Seigneur, en saint de pierre il fallait le changer,
Et puis le sceller dans sa niche !