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Orientales, il en faut nécessairement porter ; autrement l’on n’y pourrait réussir.

Les Antilles françaises (Saint-Domingue, la Martinique, la Guadeloupe), qui se sont rapidement développées dans la seconde moitié du XVIIe siècle, donnent lieu à un trafic fort important : on y envoie des vins, des eaux-de-vie, de la viande salée, des morues, des harengs, de l’huile, du fromage, du fer, des étoffes de laine, des toiles, de la mercerie ; on en rapporte du sucre, du tabac, du café, , du coton. Ce commerce, auquel il faut joindre le plus lucratif, la traite des nègres, commence à enrichir les négociants de Bordeaux, de la Rochelle, de Rouen, de Nantes et même de Saint-Malo. Ces marchands veulent se réserver le monopole du commerce des « îles d’Amérique », mais, malgré, tous les efforts de Colbert, les Anglais et les Hollandais, — les Anglais surtout, qui peuvent difficilement se passer des produits des Antilles françaises —, parviennent à déjouer toutes les mesures prises par le gouvernement français[1].

D’ailleurs, — et il n’y a pas de meilleure preuve des progrès du capitalisme commercial, — le moment est veau où les monopoles commerciaux sont partout menacés. Après s’être adressée à des entrepreneurs anglais et hollandais, l’Espagne livre le privilège de la traite négrière à la Compagnie, française de Guinée, en 1701[2].

À la fin du XVIIe siècle, c’est le marché du Pacifique qui tente tes armateurs étrangers, et surtout les Malouins. Ceux-ci essaient de s’emparer de ce marché si important, où ils pourront écouler, avec des profits de 40 à 50 % au minimum, les toiles de Normandie et de Bretagne, les draps, les soieries de Lyon et de Touraine,

  1. Voy. l’excellent ouvrage de L. Mins, Colbert’s West India policy (Yale historical studies), Newhaven, 1912.
  2. Voy. Georges Scelle, Histoire politique de la traite négrière aux Indes de Castille, 1906, 2 vol., in-8°.