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moitié du siècle, car il y avait eu, jusqu’en 1660, une profonde décadence. Colbert contribua à son relèvement en établissant la franchise du port de Marseille. Il est vrai que la création de la Compagnie du Levant ne donna pas les résultats que le ministre en attendait ; mais le commerce libre, se développa beaucoup à la fin du siècle. Si les Anglais restent au premier rang, les Français l’emportent sur les Hollandais ; en 1713, les marchandises du Levant débarquées à Marseille représentent 11 millions de livres ; près de 300 navires font ce trafic et partout, dans les ports de l’Empire Ottoman, on trouve des marchands et des consuls français[1].

C’est encore le commerce maritime et colonial qui procure les plus grands profits. Et c’est pour ce trafic que l’on recourt, pour la première fois, à de grandes compagnies par actions. On pensait, en effet, — et non sans raison, étant donnée la situation économique et politique de l’Europe —, que, seules, des compagnies de cette sorte pouvaient l’entreprendre. On songeait au succès des Compagnies des Indes anglaise et hollandaise, aux dividendes qu’elles distribuaient. Puis, pour des expéditions coûteuses, et qui comportaient de grands risques, on estimait que les capitaux individuels seraient insuffisants.

C’est pourquoi Colbert, dès 1664, s’efforce de créer les Compagnies des Indes Orientales et des Indes Occidentales, mais il ne parvient que difficilement à recueillir les capitaux nécessaires. Si la Compagnie des Indes Orientales, malgré de grandes difficultés, donna des résultats appréciables, la Compagnie des Indes Occidentales réussit si peu qu’en 1674 on dut livrer les Indes Occidentales (le Canada, l’Acadie) au commerce libre. La Compagnie du Sénégal, créée en 1673, malgré le trafic

  1. Voy. Paul Masson, Histoire du commerce français dans le Levant au XVIIe siècle, 1906.