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Le commerce avec l’Angleterre était très difficile à cause des vexations que les Anglais infligeaient à nos commerçants :

Il n’y a point de nation dans l’Europe, dit Savary, où les Français trouvent plus de difficultés à faire leur commerce et où ils soient plus maltraités qu’en Angleterre, et il n’y en a point aussi qui reçoivent et traitent plus favorablement les Anglais que les Français.

Le gouvernement anglais, pour protéger les manufactures de ses nationaux, frappait de droits prohibitifs les produits manufacturés français, de sorte que les Français ne pouvaient guère y exporter que leurs produits agricoles, et encore étaient-ce des bateaux anglais qui venaient charger à Bordeaux, La Rochelle ou Nantes le blé, le vin et les eaux-de-vie de notre pays. Le commerce avec la Hollande était sans doute très important, mais il se faisait presque uniquement par des bateaux hollandais. Le commerce avec les villes hanséatiques, relativement prospère, le commerce avec la Moscovie se faisaient aussi par l’intermédiaire des Hollandais. Bien que Colbert eût créé, en 1669, une Compagnie du Nord, qui devait faire ce trafic, les commerçants français continuaient à confier leurs marchandises aux étrangers[1], et on ne parvint même pas à établir des relations directes avec le Brandebourg.

Le commerce avec l’Espagne (l’un des meilleurs clients de la France) se trouvait aussi, en grande partie, entre les mains des Hollandais ; cependant des vaisseaux nantais et malouins, en assez grand nombre, se rendaient en Espagne, surtout à Bilbao et à Cadix.

Le commerce du Levant paraît avoir été plus favorable aux négociants français, du moins dans la seconde

  1. Voy. de Dainville, Les relations commerciales de Bordeaux avec les pays hanséatiques (Hayem, Mémoires et documents sur l’Histoire du commerce…, 3e série, p. 211 et suiv.).